MENACES SUR UTOPIA ET SUR LEÏLA CHAHID (IDÉES LCBC)
  
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[chronique littéraire à radio Mon Païs 90.10FM TOULOUSE] 'Je ne partage pas vos idées, mais je me ferais tuer pour que vous puissiez les exprimer ' disait à peu près Voltaire. Il sera aujourd'hui question de censure. C'est mon dada. J'ai déjà dénoncé ici la censure exercée par l'ensemble des médias français à l'encontre des amis de Cuba. Il leur est en effet impossible d'avoir la moindre colonne dans les journaux, la moindre émission dans les radios nationales. Je le sais, j'ai essayé. J'ai dénoncé ici la censure économique qui s'exerce sur les écrivains par le biais de la concentration de l'édition et de la distribution des livres. Si vous n'êtes pas édité chez un des deux ou trois mastodontes de l'édition, vous ne serez jamais en rayon dans les Relay, chez Virgin, chez les marchands de journaux, les grandes surfaces, les bureaux de tabac et dans deux ou trois mille librairies. Je le sais, j'ai essayé. J'ai dénoncé ici la censure qui s'exerce contre un humoriste dont un mot (un mot !) a été jugé inconvenant. Plusieurs de ses spectacles ont été annulés, suite à des menaces de mort contre les caissières et jusqu'à des violences contre son public (projection d'acide). Et c'est ainsi que la FNAC de Toulouse a décommandé une rencontre prévue avec Dieudonné. J'ai dénoncé ici la tentative de faire taire pour la vie Cesare Battisti, écrivain venu en France parce que notre pays lui avait dit en substance : Entre, tu ne risques rien. Je dois aujourd'hui dénoncer la censure exercée contre huit écrivains qui ont exprimé leur soutien au peuple palestinien dans un film intitulé ' Ecrivains des frontières '. De quoi s'agit-il ? D'un film où huit écrivains de sept pays différents, composant une délégation du Parlement International des Ecrivains, parmi lesquels le prix Nobel José Saramago, vont en Palestine pour rencontrer le poète Mahmoud Darwich. Avec leurs mots, ils vont exprimer la souffrance d'un peuple, témoigner de l'extension des colonies, des intrusions de l'armée israélienne. Ce film de Samir Abdallah et José Reynés, déjà projeté dans plusieurs salles de l'Hexagone, devait être présenté à Utopia le 25 mars. Utopia a déprogrammé. Leïla Chahid, déléguée de la Palestine en France, devait le présenter. Elle ne viendra pas. Et tout ça pour quoi ? Parce que le film tombe sous le coup des lois relatives aux bonnes m?urs, au racisme, à la diffamation ? Non, la Justice n'y trouve rien à redire. Parce que les propos de Leïla Chahib incitent à la haine, à la violence ? Non, quiconque l'a déjà entendue a remarqué que sa redoutable dialectique est respectueuse de nos lois et qu'elle fustige les fauteurs de guerre sans les confondre avec les peuples. Alors, qui est en mesure, dans ce pays, d'interdire ce que la loi autorise ? La branche régionale du Conseil Représentatif des Institutions Juives de France (le CRIF) a appelé tous ses sympathisants à occuper le cinéma pour faire barrage à la soirée. Et voilà pourquoi le film ' Ecrivains des frontières ' est interdit à tout public, voilà pourquoi nos oreilles seront protégées de Leïla Chahid. Public imbécile, public mineur, public incapable de juger, le CRIF Midi-Pyrénées choisit ce qui est bon pour vous. Au-delà de cette intolérable mise à l'index par des juges auto-proclamés, par des censeurs que nos institutions n'ont pas investis, par un groupe de pression organisé, il faut dénoncer la promesse de violence. Certes, le CRIF appelait à intervenir ' calmement ', mais en organisant l'occupation de 150 places du cinéma (sur 230), le but n'était pas de parler à 150 à la fois. Il s'agissait de faire nombre, d'être plus forts que les quelques autres qui auraient pu entrer. Il s'agissait de déposer, non pas ' 150 paires de fesses sur les sièges ', comme le l'écrit le CRIF, mais bien 150 paires de gros bras sur les accoudoirs. Les organisateurs ont compris la différence. Car si le CRIF avait simplement et démocratiquement voulu apporter la contestation, il suffisait d'envoyer quelques orateurs choisis. Ces choses-là se font. Chacun sait bien qu'ils auraient pu s'exprimer, qu'ils n'auraient pas été molestés, qu'ils n'auraient pas reçu des bouteilles d'acide. Mais il s'agissait de museler des écrivains et des cinéastes, de bander les yeux des Toulousains, de leur cimenter les tympans, de les traiter comme des minus, des citoyens inférieurs, incapables de jugement. Il s'agissait de faire taire une femme qui se fait avec talent (trop de talent ?) l'avocate de son peuple. Ce sale petit coup aux relents dictatoriaux a réussi. Mais, comment les censeurs ne voient-ils pas qu'il s'agit d'une victoire à la Pyrrhus ? Qu'en faisant la démonstration qu'ils interviennent, non pas pour défendre leur foi, leur légitime liberté de fréquenter la synagogue, mais pour empêcher que le public Français assiste, dans une ville Française, à un film témoignant des exactions de l'Armée Israélienne en Palestine, ils importent chez nous un conflit, ils alimentent le communautarisme, ils donnent à penser qu'un juif toulousain est forcément plus proche de la liberté de Tsahal que de la nôtre ? Qu'ils alimentent l'antisémitisme et la judéophobie ? De surcroît, Utopia révèle qu'il doit régulièrement faire face à des gestes agressifs dès qu'il projette un film qui déplaît au CRIF. Rendons cette justice à Arié Bensemhoun, président du CRIF Midi-Pyrénées : il a déploré ce qu'il appelle une ' initiative malheureuse '. Cependant, ce qui le préoccupe, si j'en crois la Dépêche du Midi, ce n'est pas l'organisation d'une action anti-film, c'est qu'elle ait été rendue publique alors qu'elle devait rester secrète. Pour être honnête, M. Bensemhoun ne souhaitait peut-être pas censurer le film et Leïla Chahid, mais seulement organiser une intervention des amis d'Ariel Sharon. Si tel est le cas, il le dira sans doute en répondant à l'interpellation prévue dans la prochaine Gazette d'Utopia. Et sans doute s'engagera-t-il à ne pas laisser censurer les futures projections du film ' Ecrivains des frontières ' et ' Route 181 ' (réalisé par un Juif et un Palestinien). Il rendra ainsi service à ses coreligionnaires qui méritent mieux que la caricature donnée aujourd'hui par 150 paires de fesses.
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